Textes Rexel

La ville de Lille est une ville d'îlots, de maisons, de briques. Cet héritage des années 1930 se déploit sur toute l'agglomération et constitue un paysage de rues minérales,  de maisons contigues identiques, dont l'humilité ou la splendeur ornementale dévoile qui habite là. A lintérieur des îlots, c'est un tout autre paysage qui se déploie : des jardins privés en bandes dans la continuité des maisons où s'expriment les usages et les vies intimes par un pittoresque souvent touchant. Bazar de bricolage, d'extensions de réemploi, de basses-cour, ou vaste coeur planté, les "coeur d'îlot" ne se dévoilent pas un espace public rouge brique.

Sur les ruines d'un tissu industriel lache du quartier populaire de Lille sud, nous avons eu la chance de renouer avec cette tradition , en proposant la réalisation d'un très grand îlot, entre le nouvel hôtel de police, architecture volontaire de  Jacques Ripault, des barres de logements en cours de réurbanisation et répondre à la politique de la ville de Lille et la notre partagée « Proposer une haute qualité de vie urbaine et favoriser le mieux vivre ensemble ».

Cloture et ouverture

La question posée est celle qui permet à cet îlot de maintenir la tradition des îlots du nord : fabriquer la rue par des continuités bâties, préserver les intimités jardinées du coeur d'îlot, tout en faisant respirer les espaces publics par des ambiance paysagères. Ceci est permis à travers la politique de la ville par des plantations d'alignement sur la rue Rouzé, et un travail urbain mené avec la ville, les paysagistes Leblanc Venacque et notre agence par la constitution d'un mail piéton restitué par les promoteurs à la ville et constituant des continuités douces.

L’îlot enfin s’articule autour d'un jardin central, pièce maitresse du projet. Cet espace végétal offre un espace de rencontre à l’échelle des habitants de l’îlot tout en offrant une jouissance privative de l’espace situé immédiatement face aux pièces de vie des logements situés en rez-de-chaussée. Un système de haies se développe sur l’ensemble et permet de « délimiter » des espaces d’intimité tout en permettant à chacun de passer de l’espace « privé » à l’espace « commun ». 

Unité et diversité du bâti

La plaisir dans ce type d'exercice est de trouver les éléments de conception permettant d'écrire un ilot à la fois unitaire mais varié sans tomber dans un pittoresque artificiel ni composition conceptuelle trop marquée . Ici, chaque contexte, chaque particularité programmatique, chaque attention aux usages est utilisé pour fabriquer un paysage urbain changeant, comme si chaque habitant avait écrit sa partition avec une règle commune. Des immeubles collectifs s'adressent au rue larges et commerçantes, des petits collectifs aux appartements traversants entre rue et Jardin rythment la rue Rouzé d'un côté et sont rassemblés par un long portique unitaire sur le jardin. Deux rangs de maisons à l'épanelage serré marque l'identité du mail piéton par une échelle domestique sans porter ombre dans le coeur d'îlot.

Briques et Blanc

Pour concilier l'économie nécessaire de ce quartier faubourien et la dignité d'une architecture digne et pérenne, nous avons construit cet îlot par une déclinaison de maxibriques porteuses du fabriquant local BDN situé à quelques km du chantier (Briquetterie Du Nord ) associé à un travail fin de modénatures et de teintes :  4 types de briques, 4 types de joints, nus différenciés,  briques de remplissage "clivées" (découpes des biques laissant apparaitre sous la couche extérieur leurs alvéoles), le tout en alternance. Ce dispositif permet une composition de variations multiples et une interpellation joyeuse à l'échelle du promeneur.

En contraste , le blanc lumineux est sollicité : à l'intérieur de l'îlot par un long parement d'enduit qui réverbèrent la lumière du sud, éclaire le jardin et combat l'effet de chaleur urbaine, par des chassis bois peints en blanc dans les fond briques, et quelques briques blanches enfin, qui viennent en certains lieux et parfois faire pétiller l'ensemble