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Année2015
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LieuCordemais (44)
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ClientCommunauté de communes Cœur d'Estuaire
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ProgrammeEspace scénographique
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Typeconcours – projet lauréat
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Budget7.85 M€.HT
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Surface1750 m² sdp
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ArchitecteBéal Blanckaert
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CotraitantsBollinger & Grohmann - Die Werft (Scénographe)
Le projet d’espace scénographique de Cordemais n’est pas un équipement neutre, ni une simple nécessité. C’est un ouvrage qui doit accueillir tous les publics, transmettre des connaissances, révéler les spécificités des lieux, tant paysagères qu’industrielles, rendre compte du passé, tout en suggérant l’avenir. Cet équipement, dans lequel le corps est “proche” des éléments, doit également émouvoir, surprendre, et transmettre toutes formes de poésies. C’est pourquoi, notre projet de « Plateforme Paysagère » répond aux conditions indivisibles de l’architecture : Accueillir une fonctionnalité, dans un cadre poétique.
La Plateforme Paysagère que nous proposons ne s’impose pas par sa masse ; elle est plus un événement qu’un bâtiment.
Intimement inscrite sur le port, les ancrages au sol sont limités pour que les éléments naturels se glissent dessous : ici le paysage liquide, les sols humides caractéristiques de l’estuaire, l’eau des marées, l’air, les vents et les vues. Les contraintes altimétriques induites par la tempête Xinthia sont sublimées : la prise de hauteur significative est une réponse pédagogique aux risques d’inondations tout autant que la volonté de projeter les usagers vers le paysage ou le houppier des arbres existants.
Cette plateforme se distingue par le dynamisme de ses lignes qui répondent à un programme culturel et ludique. Identité inédite, croisant des logiques externes - en références au paysage, à la nature et à l’industrie - et des logiques internes - la boucle du parcours scénographique, les cadrages précis sur les éléments en présence : la centrale EDF, les quais, le clocher de Cordemais, le marais voisin, mais aussi la Loire que nous pourrons apercevoir à cette altitude…
Les atouts du site sont donc fondateurs du projet. Les structures paysagères existantes sont maintenues, renforcées et qualifiées. Tandis que la forme, ou plutôt les formes du projet se déduisent simplement de la géométrie des lieux, des perspectives et de la nature du sol.
A nos yeux, la plateforme offre même « 2 musées pour le prix d’un » !
Car en plus du parcours scénographique, le site lui-même est une extrapolation de l’estuaire de la Loire, grâce au travail très fin porté sur les sols, leurs continuités, attentivement aux prescriptions du projet « Eaux et Paysages ». L’enclos bocager n’est plus perçu comme une simple pâture, il est un site sensible, un territoire humide remarquable, inondable, avec un écosystème et une biodiversité à redécouvrir, à protéger, ici supports pédagogiques. Ces enjeux énoncés nous conduisent à imaginer un projet contemporain, didactique, « joyeux », non ostentatoire.
Des éléments simples définissent l’identité du projet :
Entre Terre, Eau et Ciel, une grande horizontale habitée, d’acier, de bois et de verre, se détache à plus de 4.50m au-dessus de la subtile topographie que forment le bras de la Loire, le quai, l’enclos bocager. Topographie qu’il s’agit de révéler sans l’altérer : « faire avec » les éléments, plutôt qu’engager de trop grandes mutations. Ainsi, le projet dessine une ligne structurelle pure, finement détaillée, intelligible, et hyper flexible pour tous usages et développements ultérieurs. Cette structure aérienne réunit les différentes entités scénographiques qu’elle abrite au sein d’un parcours en boucle, « une boucle en l’air », rayonnante, qui s’adresse à toutes les orientations cardinales.
Sous cette ligne flottante calée sur la hauteur des arbres, un plan fluide pour les pièces en contact avec le sol. Entre celles-ci, un continuum d’espaces libres, en méandres. Organisation centrifuge du plan, lue comme métaphore des projections des regards sur le paysage. Les piles sont creuses, en béton de grande qualité et contiennent d’autres usages que la scénographie : ici l’administration, un peu plus loin les espaces de conférences, les lieux d’animations, les services sanitaires, dont une entité pourrait d’ailleurs être rattachée à la capitainerie. Au sol, ces programmes bénéficient d’une grande autonomie : ils peuvent fonctionner indépendamment, voir même être loués pour des séminaires.
La toiture belvédère se présente face au site comme « un sol en l’air ». Des émergences thématisées – sorte de coques de bois aux formes suggestives – définissent la ligne de ciel et incarnent, ici un périscope, là une amenée de lumière, ailleurs une double hauteur. Elles animent la terrasse plantée, en projection totale 360° sur le panorama. Plutôt qu’un belvédère – belvedere la belle vue – c’est la toiture toute entière qui qualifie, après l’expérience du ballon-fusée, la séquence ultime du parcours scénographique à une dizaine de mètres au-dessus du sol.
La distribution générale organise plusieurs types d’espaces: d’une part, les espaces libres organisés en boucle, dédiés aux différentes scénographies, et d’autre part, des espaces plus intimes, à destination du personnel, des services, des activités annexes.
Le « système » du plan est malléable, adaptable. Des points d’observation précisément choisis cadrent des perspectives riches de profondeurs, tant sur les voisins proches, la centrale EDF, le port, le marais, le clocher du village… que sur l’horizon lointain de l’estuaire. Ce dispositif ouvert évite tout sentiment d’enfermement, en ménageant de belles séquences « opaques » pour nous concentrer sur l’installation scénographique.
Gageons que nous déplacer dans cet univers particulier procurera le sentiment de découvertes, évoquant l’expérience sensible du milieu, naturel ou anthropisé, minéral et végétal, tantôt industriel, parfois onirique, le tout dans une atmosphère sereine et baignée de lumière douce.